moins que lorsque, sous une autre forme, ils croient
n’en payer qu’une partie. Les impôts indirects, au
contraire, se lèvent immédiatement sur la partie du
peuple qui vit de son travail ; et c’est contre elle que
s’exercent ces rigueurs trop souvent inévitables pour
en assurer le recouvrement : la distribution de ces
impôts est toujours inégale, parce qu’il est impossible
de les proportionner, soit aux facultés de ceux
qui les payent, soit à la valeur des objets sur lesquels
ils sont imposés. Ces impôts entraînent des
frais énormes de perception ; découragent le commerce,
les arts, l’agriculture ; emploient un grand
nombre d’hommes, dont le temps et l’industrie sont
perdus pour l’État ; inspirent au peuple le désir de
se soustraire par la fraude au joug qu’ils appesantissent
sur lui ; font naître une race nombreuse de
fraudeurs, que l’habitude de faire un métier dangereux
et de braver les lois peut rendre funestes à la
société ; entretiennent une guerre sourde entre la
nation et les régisseurs des impôts ; obligent enfin,
pour réprimer ceux qui font la fraude ou qui en
profitent, d’établir des peines sévères, injustes même,
osons le dire, puisqu’elles mettent au rang des crimes
des actions qui ne blessent aucun des devoirs
primitifs de l’homme ; et ces peines, que le nombre
des délits oblige de multiplier, font perdre des citoyens, ruinent leurs familles, anéantissent leur postérité.
Telles étaient, aux yeux de M. Trudaine, les
suites nécessaires et prochaines des impôts indirects :
il en gémissait. Il voyait que, par une influence plus
éloignée, ces impôts tendaient à relâcher les liens
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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.
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