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ÉLOGE DE M. DE LA CONDAMINE.


verte de débris de volcans : l’Auvergne, le Languedoc, l’Irlande, les îles du nord de l’Écosse, une partie de l’Islande et de l’Allemagne, offrent les mêmes objets ; et tout, sur la surface du globe, annonce de grandes révolutions antérieures à nos histoires.

M. de la Condamine vit à Naples le Vésuve et les antiquités qu’on retirait en foule d’une ville ensevelie, il y a plus de seize siècles, sous les laves de ce volcan, et sur les débris de laquelle on construisait de nouvelles habitations ; tant l’habitude a le pouvoir de familiariser les hommes avec les dangers les plus effrayants : d serait plus aisé qu’on ne croit de les guérir de la peur, et par conséquent de la plupart de leurs erreurs et de leurs maux.

M. de la Condamine avait vu, à Gènes, ce vase d’émeraude que le peuple regarde comme une relique, et les gens plus éclairés comme une antique très-précieuse ; il y avait observé des bulles d’air et d’autres marques qui semblent prouver que ce vase si vanté, ce gage sur lequel les Génois ont jadis emprunté des sommes si considérables, n’est qu’un plat de verre coloré. M. de la Condamine eût voulu le soumettre à une épreuve plus sûre, et en examiner la dureté. Les idées religieuses qu’on a eu soin d’attacher à ce monument, les précautions avec lesquelles on le montre, et qui prouvent combien les possesseurs du vase craignent ces épreuves, les rendent difficiles et même dangereuses. On prétend néanmoins que M. de la Condamine eut l’audace de les tenter ; qu’en faisant semblant d’examiner le vase avec une attention scrupuleuse, il allait en essayer la du-