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ÉLOGE DE M. LA CONDAMINE.


lation, ni d’être la dupe des faits allégués contre elle. Si, par l’effet d’un usage général de l’inoculation, le fléau terrible de la petite vérole disparaît un jour de la terre (comme il y a peut-être lieu de l’espérer), lorsque ses ravages ne seront plus connus que par les descriptions effrayantes consignées dans nos livres, le nom de M. de la Condamine sera prononcé avec attendrissement par quiconque attachera quelque prix à la vie, ou sentira celui de la beauté.

En 1757, M. de la Condamine fit un voyage en Italie. Comme il n’avait pour objet qu’une dissipation utile à sa santé, il évita de porter avec lui des instruments ; il voulait qu’il lui fût impossible de faire des observations. Heureusement son projet était incompatible avec la curiosité toujours agissante, qui était le caractère de son esprit. À son retour, il lut à l’Académie un mémoire rempli d’observations sur l’Italie. Ses recherches sur les mesures anciennes en sont la partie la plus curieuse. Comme on connaît à peu près les limites de ces mesures, il imagina de les déterminer avec plus d’exactitude, d’après cette idée ingénieuse que chaque partie principale des édifices anciens a dû contenir un nombre rond de mesures. M. de la Condamine mesura donc, avec la plus grande exactitude, les dimensions des édifices de Rome les mieux conservés ; et supposant qu’elles étaient d’un nombre rond de pieds romains, qu’il savait être d’environ onze pouces, il trouva des valeurs de ce pied assez d’accord entre elles, et il en déduisit une valeur moyenne. En parcourant l’Italie, M. de la Condamine la trouva cou-