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ÉLOGE DE M. DE LA CONDAMINE.


répond. Alors, n’existant plus que par ses souvenirs, et rempli de l’idée des lieux où il a commencé à vivre et à aimer, il sent avec amertume qu’il n’y a que ce seul endroit où il puisse espérer d’être encore heureux, et que des obstacles insurmontables l’en séparent. La santé de M. de la Condamine fut altérée parla mélancolie, et une maladie lente le consumait, lorsqu’il reçut des lettres du gouverneur de Surinam, qui lui offrait les moyens de revenir en Europe ; il accepta ses offres, et s’embarqua pour Amsterdam.

A son retour en France, il trouva l’Académie occupée de comparer les mesures du degré de latitude, prises à l’équateur et au pôle, avec celles du degré de France, et d’en déduire la véritable figure de la terre ; mais les conséquences qui résultaient de cette comparaison prouvèrent que le problème n’était pas aussi simple qu’on l’avait supposé d’abord : c’est ce qui a depuis été confirmé par les savantes recherches d’un grand géomètre, qui a réuni au génie le plus brillant, cet esprit de doute et de réserve malheureusement si rare, et cependant si nécessaire dans les applications du calcul aux phénomènes de la nature. Mais si la mesure d’un degré n’a pas suffi pour déterminer la figure de notre globe, elle a prouvé du moins que la terre est un sphéroïde aplati par les pôles ; vérité que la précession des équinoxes et le retardement du pendule sous l’équateur confirment également.

Tel fut le principal fruit que les sciences retirèrent du voyage de M. de la Condamine ; et quel en