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ÉLOGE DE M. LA CONDAMINE.


d’un tribunal d’inquisition au Pérou : à la vérité, il y avait déjà dans le pays un vicaire de l’inquisition d’Espagne ; mais le zèle des moines de Quito ne trouvait pas que ce fût encore assez.

Un petit nombre de créoles, qui cultivent, au milieu de la barbarie générale, les arts et les sciences de l’Europe, consolaient nos académiciens de tout ce qu’il y avait de fatigant et de dangereux à être l’objet de la curiosité inquiète d’un peuple ignorant et à demi sauvage.

M. de la Condamine décrit quelques-unes des fêtes qu’on leur donna : c’étaient des espèces de comédies, jouées par de jeunes métis, et des danses pantomimes, où nos voyageurs furent étonnés de voir des enfants répéter tous les mouvements d’un astronome qui observe, et contrefaire, d’une manière comique, les gestes de chacun d’eux. L’honneur le plus remarquable qu’ils reçurent, fut une thèse de théologie, dédiée à l’Académie des sciences de Paris. Cette thèse avait pour objet la nature des actes de la Divinité. Le jésuite qui l’avait composée ignorait sans doute avec quelle sage modestie l’Académie s’est interdit tout ce qui peut avoir le moindre rapport avec des connaissances si sublimes. Un frère jésuite avait dessiné et gravé une jolie vignette qui sert de frontispice à la thèse, et qui donne des talents des Péruviens, pour les arts, une meilleure idée que la thèse elle-même n’en donne de leurs lumières [1].

  1. Cette thèse solennelle ne renferme qu’une seule proposition de théologie purement scolastique.