Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée
177
ÉLOGE DE M. DE LA CONDAMINE.


métriquement, et l’élévation du baromètre à leur sommet, la déclinaison et l’inclinaison de l’aiguille aimantée, l’observation de l’obliquité de l’écliptique, la mesure de la réfraction horizontale à différentes élévations au-dessus de la mer, la mesure enfin du degré du méridien. Cette table contenait un précis des travaux de sept années. M. de la Condamine eut la modestie de laisser en blanc les nombres qui devaient exprimer les résultats, et de réserver à M. Bouguer le soin de les remplir. Occupé uniquement du plus grand bien des sciences, il eut le courage de rendre cet hommage au nom que M. Bouguer s’était fait parmi les mathématiciens, et de prouver d’incapable d’abandonner ses droits, il savait cependant les sacrifier à l’utilité publique.

Un autre monument, non moins nécessaire, occupa longtemps M. de la Condamine. Quelque juste confiance que puisse avoir un astronome dans l’exactitude de ses opérations, quelques précautions qu’il ait prises, il peut se faire que quelque chose lui ait échappé : au bout d’une longue suite de siècles, la grandeur des mesures peut avoir varié, leur dénomination être restée la même ; il était donc important que les deux points extrêmes de la base, qui étaient le fondement des opérations trigonométriques, fussent fixés par des monuments solides. M. de la Condamine les marqua par deux pyramides, où il devait placer une inscription. L’Académie des belles-lettres de Paris, consultée avant le départ, en avait prescrit la forme ; mais pour obtenir que cette inscription fut gravée, et qu’on laissât subsister une