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ÉLOGE DE M. LA CONDAMINE.


et les moyens de s’en garantir. Cet événement du voyage fut dans la suite un sujet de dispute entre M. de la Condamine et M. Bouguer : celui-ci voulait que l’erreur et l’art avec lequel il avait su la découvrir et la réparer, appartinssent à lui seul ; et M. de la Condamine s’était intéressé trop vivement à toutes les opérations du voyage, pour croire qu’il put s’être fait quelque chose sans lui.

Les observations que cette remarque de M. Bouguer rendit nécessaires ; le désir que M. de la Condamine avait aussi de répéter les secondes observations de M. Bouguer, puisqu’il avait partagé le travail des premières ; la difficulté que fit M. Godin de communiquer à ses confrères le résultat de son travail, tout cela occupa les académiciens jusqu’en 1743. On voit dans l’histoire de l’Académie, dans les mémoires et les ouvrages que MM. de la Condamine et Bouguer ont publiés, combien il y eut de moments vides dans le long intervalle de temps qui leur fut nécessaire pour ne laisser aucune incertitude sur l’objet principal de leur voyage ; mais chacun d’eux sut remplir ces moments d’une manière avantageuse pour les sciences, et intéressante pour l’Académie.

Les astronomes français devaient laisser au Pérou des monuments durables de leurs opérations : le soin d’ériger ces monuments ne pouvait regarder que M. de la Condamine. Il fit placer sur le mur des jésuites de Quito un marbre dans lequel on incrusta la mesure du pendule sous l’équateur ; on y grava la longitude et la latitude du lieu de l’inscription, la hauteur des principales montagnes mesurées géo-