à marquer les points de leurs triangles : ils étaient forcés d’y suppléer par des signaux ; et après avoir passé plusieurs jours à parvenir au sommet des montagnes
escarpées où il les fallait placer, souvent il arrivait
que les Indiens venaient les renverser pendant la
nuit. M. de la Condamine ne put en garantir un
qu’on avait déjà enlevé plusieurs fois, qu’en lui donnant
la forme d’une croix : enfin, ils furent obligés
de substituer à ces signaux des tentes où un homme
restait perpétuellement pour les garder ; mais les
hommes à qui on pouvait accorder cette confiance
étaient fort rares, et ces petites difficultés retardèrent considérablement les progrès du travail. Dans un de ces voyages entrepris pour établir un signal, M. de
la Condamine, abandonné par son guide, resta deux
jours dans sa tente, enseveli sous la neige, sans nourriture, sans eau même, et obligé, pour s’en procurer,
d’attendre un moment de soleil où il put fondre
la neige avec le verre de sa lunette.
La mesure géométrique de l’arc du méridien fut cependant terminée dans le mois d’août 1739, après deux ans de travaux assidus, souvent interrompus, mais dont chaque académicien remplissait les intervalles par des observations de quelque autre genre. Il restait encore à prendre la mesure astronomique de cet arc, et les académiciens s’y disposaient dans la ville de Cuença, lorsqu’un événement funeste vint leur préparer, et surtout à M. de la Condamine, d’autres occupations et d’autres dangers.
Seniergues, qui accompagnait les académiciens en qualité de chirurgien, avait eu un démêlé personnel