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ÉLOGE DE M. FONTAINE.


connaissant de la géométrie que les routes battues, ignorent que, dans la science même de la certitude, le génie peut s’égarer quelquefois dans les routes nouvelles qu’il a osé se frayer.

Telles furent la dispute sur les tautochrones dont nous avons parlé ; une autre dispute avec M. de La Grange, sur la détermination des points extrêmes, pour les maxima des fonctions indéfinies ; une avec M. Clairaut, sur la recherche d’une courbe décrite par le sommet d’un angle dont les côtés glissent le long d’une courbe. Jamais M. Fontaine n’attaquait une solution sans donner auparavant une nouvelle solution du même problème, soit pour montrer à chaque fois qu’il était digne de son adversaire, soit plutôt que son génie, vraiment original, n’eût pu sans cela entendre le travail d’un autre. Il faut avouer que, dans la dispute, il s’écartait quelquefois de cette politesse d’usage dont jamais il n’est permis de se dispenser, mais que M. Fontaine croyait peut-être moins nécessaire avec des adversaires illustres, et dont la gloire n’avait pas besoin de ces petits ménagements.

Les morceaux dont nous venons de parler sont les plus importants de ceux que M. Fontaine a publiés ; son Recueil et les Mémoires de l’Académie en renferment quelques autres moins considérables, et dans tous, même dans les plus courts, on voit briller une manière absolument à lui ; c’est presque toujours un fil délié qu’il saisit, et qui aurait échappé à la vue de tout autre, que souvent même on a de la peine à suivre avec lui. Toutes ces solutions sont