Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée
145
ÉLOGE DE M. FONTAlNE.


dans les équations littérales, la forme des racines, on ne peut presque plus regarder la méthode de M. Fontaine que comme un monument de cette sagacité et de cette finesse qui formaient le principal caractère de son génie.

M. Fontaine s’était fait une mécanique toute nouvelle, dans laquelle les lois du mouvement sont appuyées sur une métaphysique singulière. Cet ouvrage, que le temps et le suffrage des géomètres mettront à la place qu’il mérite, a été imprimé pour la première fois en 1764. On lit dans la préface de ce Recueil, que M. Fontaine connaissait dès 1739 le principe sur lequel cette mécanique est fondée. Quelques gens, plus propres à brouiller les hommes célèbres que dignes de les juger, ont conclu de cette observation, et même ont imprimé dans les journaux, que M. Fontaine regardait son idée comme la source d’où M. D’Alembert avait tiré ce principe si général et si lumineux, auquel les sciences physico-mathématiques doivent les progrès immenses qu’elles ont faits depuis trente ans. Mais le principe de M. Fontaine est métaphysique et vague ; celui de M. D’Alembert est géométrique et précis. Le principe de M. D’Alembert a été imprimé en 1743 ; et M. Fontaine n’a parlé du sien qu’en 1764 : aussi lui doit-on la justice dépenser qu’il ne contribua en rien à une réclamation qu’on fit alors en sa faveur, par un faux zèle pour sa gloire, ou par des motifs bien moins louables.

M. Fontaine eut avec plusieurs géomètres de ces disputes toujours surprenantes pour ceux qui, ne