réclamations. On leur a reproché de n’avoir pas cité
avec assez d’exactitude le nom de ceux à qui appartiennent les méthodes exposées dans leur traité du
calcul intégral : ils avaient supposé dans les autres
savants la même modestie, ou plutôt la même indifférence
qu’ils trouvaient en eux-mêmes. Aussi le père
Le Seur était étonné des disputes qui s’élevaient
entre les géomètres. Des hommes occupés des mêmes
vérités devraient être tous amis, disait-il. Il ignorait
que, pour la plupart, la gloire est le premier
objet ; la découverte de la vérité n’est que le second.
Il est inutile de dire que la vertu du père Le Seur était pure : il avait une âme sensible, un esprit droit, et peu de passions. La dévotion, qu’il tenait de sa première éducation, avait été remplacée par une piété plus digne d’un sage, qui avait passé une grande partie de sa vie à approfondir les vérités et les preuves de la religion.
Le père Le Seur n’avait aucune ambition ; s’il eût été capable d’en avoir, c’aurait été pour son confrère. Le cardinalat est un beau problème, disait un jour le père Jaquier, devant une assemblée nombreuse. Je voudrais bien le résoudre pour vous, répondit le père Le Seur. Ce discours ne parut point étrange dans un pays où les grandes dignités ne sont pas toujours données à la naissance ou à l’intrigue, et où les souverains pontifes ont honoré quelquefois la pourpre, en la rendant la récompense des talents.
Le père Jaquier eut le malheur de survivre à son ami. Le père Le Seur succomba à ses infirmités en