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KLINGENSTIERNA.


lir et honorer ces hommes qui, donnant à leur siècle des exemples de vertu, préparent, par leurs lumières, le bonheur des siècles futurs ; ces hommes qui, éclairant le monde et ne le troublant jamais, ne lui font point acheter leurs bienfaits ; ces hommes enfin qu’on appelait philosophes, avant que ce nom fut devenu ou une accusation ou une injure. Nous ne craignons point de réclamer ici contre cette injustice, sous un prince qui, depuis qu’il règne, n’a voulu accorder sa confiance qu’à des amis des lumières et des vertus, c’est-à-dire, qu’à des philosophes, en prenant ce terme dans son acception la plus littérale et la plus vraie.

Le roi de Suède a consacré un monument à la mémoire de M. Klingenstierna. Le restaurateur des sciences en Suède, et l’instituteur du prince royal, méritait cet honneur. Depuis, ce même prince a fait élever à Descartes un mausolée qui lui manque encore dans sa patrie. La vue de ces tombeaux inspire à la jeunesse suédoise le désir de mériter de pareils honneurs ; elle console l’homme de génie des clameurs de l’envie, et elle le fortifierait contre les atteintes de la persécution, si, sous un roi vraiment éclairé, le génie avait des persécutions à craindre.

Mort le 28 octobre 1765.
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