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KLINGENSTIERNA.


chaire de mathématiques ; mais il ne revint l’occuper qu’après avoir vu tout ce qu’il y avait en Europe d’habiles mathématiciens, et mérité l’estime du petit nombre de juges qu’il pouvait avoir. À son retour, la considération qu’il avait acquise chez les étrangers en inspira à ses compatriotes pour sa personne, et, par une suite naturelle, pour les sciences qu’il cultivait. La noblesse de Suède s’empressa de s’instruire par ses leçons. Il lui apprit qu’il y avait pour elle une autre gloire que celle des armes, et que le génie bienfaisant des sciences contribuerait à réparer les maux que le génie destructeur de la guerre avait faits à la Suède.

Bientôt M. Klingenstierna fut appelé à des fonctions plus importantes. On crut que c’était au plus savant homme de la Suède qu’il appartenait d’instruire l’héritier du trône.

La santé de M. Klingenstierna ne lui permit pas de garder longtemps une place si importante, et que les progrès de son auguste élève rendaient si agréable à remplir. Il fut forcé de la quitter ; mais en la quittant il la vit occuper par un savant digne de lui succéder, M. Ferner, et il eut du moins la consolation d’avoir vu naître et d’avoir peut-être contribué à développer dans l’âme du prince ces deux qualités si nécessaires aux rois et si utiles à leurs peuples, l’amour de la gloire et ce sentiment d’estime, j’oserais même dire de vénération, que tous les grands princes ont eu pour les grands hommes. On a toujours vu les princes vraiment digues d’être les dépositaires de la félicité publique, accueil-