l’honneur d’être habité par une âme raisonnable ;
sur ce que devenait l’âme des animalcules destinés à
mourir sans changer d’état. Cependant les physiciens
les plus célèbres doutaient encore de l’existence
de ces animaux. Tous convenaient, à la vérité,
que l’on voyait dans les liqueurs spermatiques de
petits globules terminés par des fils bien plus petits
encore ; que ces globules paraissaient souvent sortir
en fouie de gros filaments dont toute la liqueur
semblait composée ; mais ces globules, qu’on retrouvait
d’ailleurs dans les infusions des plantes, sont-ils
de véritables animaux ? Sont-ils des molécules organisées, destinées à former des animaux en vertu d’une
force attractive, en sorte qu’un animal ne soit
qu’une sorte de cristallisation vivante ? Enfin, ne
sont-ce que des corpuscules animés, mis en mouvement
par la fermentation qui agite toutes les liqueurs
où on les aperçoit ?
Ces animaux, communs aux infusions de plantes ou d’animaux et aux liqueurs spermatiques, sont-ils destinés à devenir des animaux de la même espèce, ou ne sont-ils que des animaux parasites qui trouvent dans les réservoirs de la semence leur asile et leur nourriture ?
Toutes ces questions seront peut-être résolues un jour, quand l’art de faire ces observations sera perfectionné ; quand les hommes, las enfin d’être la dupe des hypothèses les mieux combinées, ne les regarderont plus que comme des rêves brillants, et placeront sur la même tablette des systèmes de cosmologie et les contes de fées.