Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée
118
LEUWENHOECK.

La première découverte de ces animaux est due à Harsoeker, qui les vit dans la liqueur séminale des hommes ; Leuwenhoeck vérifia le fait, et l’observa dans les liqueurs séminales d’un grand nombre d’animaux.

Ces observations de Leuwenhoeck excitèrent une curiosité générale. Il y a des objets que jamais l’on ne considère avec un sens bien calme ; tels sont tous ceux qui appartiennent au grand phénomène de la reproduction des êtres. A l’intérêt de trouver dans les secrets de notre origine de quoi nous éclairer sur nos destins, se joint le plaisir toujours piquant de lever le voile, que, heureusement pour le genre humain, la décence a étendu sur les plaisirs de l’amour.

A la première annonce des animaux spermatiques, on crut que le mystère de la génération était découvert : chacun des petits animaux destinés à devenir hommes ou lapins, n’attendait que le moment de trouver le lieu et une nourriture dont il avait besoin pour croître. L’œuf des femelles ovipares, ou celui qu’on supposait aux vivipares, était destiné pour le développement du petit animal ; une foule de ses frères qui avaient partagé son sort, périssaient pour n’avoir pu pénétrer jusqu’à un de ces œufs.

Cette profusion de germes inutiles n’était pas un défaut dans l’ordre éternel des choses ; c’était une raison de plus d’admirer la magnificence de la nature. Déjà on avait agité de grandes questions sur l’âme des animalcules, sur le moment où le ver microscopique devenait assez grand pour mériter