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BELLINI.


core très-imparfaits, malgré les soins et le génie de l’anatomiste qui les entreprend. Il est impossible de tout voir et de tout bien voir. Mais le savant qui se dévoue à ce genre de travail, en est récompensé par la certitude que ses travaux ne seront jamais oubliés, et sa gloire, plus pénible à acquérir et souvent moins brillante, est plus durable.

Bellini fut disciple de Descartes et de Borelii. Il voulut comme eux expliquer, par les principes de la mécanique, les phénomènes de l’économie animale. Boërhaave et une secte entière de médecins dont il fut le chef, ont suivi la même roule. J’ignore si un tel projet n’est pas au-dessus des forces de l’esprit humain. Mais il est sûr que l’on ne se doutait pas même alors des méthodes géométriques qui seraient nécessaires pour résoudre ces problèmes, et que les principes généraux du mouvement des corps solides et fluides étaient encore absolument inconnus ; maintenant même encore, nous ne connaissons ni les principes, ni les faits de l’économie animale avec assez de précision pour pouvoir les assujettir au calcul ; et qui sait après cela si les méthodes du calcul qu’exigent des problèmes si compliqués seront jamais praticables ? Aussi peut-on remarquer que ce sont rarement de grands géomètres qui s’occupent de ces sortes d’applications, et lorsqu’ils ont payé le tribut aux préjugés de leur siècle, c’est toujours en avertissant de l’incertitude de leurs hypothèses, c’est en ne donnant eux-mêmes leurs travaux que comme de simples jeux d’esprit.

Bellini pratiqua beaucoup la médecine, et il con-