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BARTHOLIN.


qui devaient donner des maladies contagieuses ; mais comme la crédulité n’avait point borné aux maux physiques l’influence de ces émanations, elles devaient aussi disposer les humeurs à la colère, et produire des guerres et des séditions.

Bartholin prescrit en conséquence aux peuples, et surtout aux princes, le régime qui serait le plus propre à détruire ces dispositions funestes.

C’est ainsi qu’en même temps qu’il paraissait tourner en ridicule la crainte superstitieuse des comètes, il développait des vues philosophiques trop éloignées de nos idées pour oser les proposer sérieusement. On n’eût pas ri, chez les Grecs, d’un législateur qui eût recherché quelle peut être l’influence des aliments sur les passions des hommes, le caractère des nations. Mais quand bien même ces idées nous paraîtraient chimériques, il faudrait avouer du moins que le régime des Curius et des Gâtons est beaucoup plus salutaire pour les peuples, que celui des Lucullus et des Antoine.

Un incendie enleva à Bartholin sa bibliothèque et les matériaux qu’il avait rassemblés pour de nouveaux ouvrages. Ce malheur le força d’abandonner sa retraite ; les places honorables qu’on lui avait données à Copenhague ne le consolèrent pas.

Il perdit même le courage d’entreprendre de grands travaux, et il ne donna plus depuis ce temps que des observations détachées.

Quelques-unes de ces observations annoncent une crédulité indigne d’un homme aussi éclairé que Bartholin. Il faut observer cependant que l’on doit