Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée
97
BARTHOLIN.


la supériorité d’un grand homme, ou se plaît à en faire un être d’une autre espèce.

Bartholin parcourut une grande partie de l’Europe, toujours à pied : sa fortune lui en faisait une nécessité, et il n’en était que plus sûr de voir tout ce qui méritait d’être observé. Les places qu’on lui offrit dans plusieurs villes ne purent le déterminer à se fixer hors de sa patrie. Il n’avait voyagé que pour s’instruire, et il ne voulait s’instruire que pour être utile à son pays. Ses compatriotes lui rendirent justice, malgré son absence, ou plutôt peut-être parce qu’il était absent, car jamais l’envie n’a pardonné qu’aux morts : mais elle peut quelquefois oublier ceux qu’elle a cessé de voir.

On offrit à Bartholin une chaire de grammaire à Copenhague ; il l’accepta, et peu de temps après, en 1613, il fut nommé à une chaire de médecine, place qui convenait davantage à ses connaissances et à son goût. Il la remplit onze ans, avec le succès le plus brillant. Mais ayant été attaqué d’une maladie dangereuse, il imagina de promettre à Dieu de renoncer à l’emploi utile, mais profane, de docteur en médecine, pour ne plus s’occuper que de théologie. Il persista dans cette résolution après sa guérison. Le principal ouvrage de Gaspard Bartholin est un traité d’anatomie, où l’on trouve une description des nerfs olfactifs, dont plusieurs savants anatomistes refusaient encore de reconnaître l’existence. Le reste de ce traité renferme les connaissances anatomiques qu’on avait alors, et même les erreurs qui étaient adoptées dans les écoles ; mais si, par un tel ou-