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ROHAUT.


sa philosophie. Clerselier, frère du digne ami de Descartes, du vertueux Charnier, avait pour ce philosophe un enthousiasme ou plutôt un culte. Il vit dans Rohaut l’homme le plus propre à répandre les vérités que Descartes avait enseignées, et qui n’existaient encore que pour un petit nombre de sages, et, malgré la disproportion de la naissance et de la fortune, il choisit Rohaut pour son gendre, au milieu des cris d’une famille indignée, qui ne concevait pas qu’on aimât mieux trouver dans son gendre des talents et des vertus, que des aïeux et de l’or, et qui appelait cela sacrifier sa fille : comme si un philosophe honnête et respecté du public n’était pas plus propre à faire le bonheur et la gloire de sa femme, qu’un homme médiocre, riche et titré.

Rohaut n’a fait aucune découverte que l’on puisse citer. Il n’ajouta et ne corrigea rien à la philosophie de Descartes, mais il l’enseigna avec clarté et avec méthode. Il l’enseigna le premier en France. Ses livres, bien faits et bien écrits pour le temps, mirent cette philosophie à la portée du public.

Rohaut fut accusé d’irréligion. On reprocha à sa philosophie d’être contraire au mystère de la présence réelle : comme si une philosophie avec laquelle un mystère deviendrait compréhensible, ne serait point par cela seul une mauvaise philosophie. Rohaut mourut en 1675, âgé de 55 ans, en protestant qu’il croyait à la présence réelle.

M. Clerselier lui survécut, et publia deux volumes de ses œuvres posthumes, qui ne renferment