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discours

mal, sur laquelle l’opinion publique flotte encore incertaine.

Nous avons aujourd’hui environ seize cents millions de papier-monnaie existants dans la circulation, hypothéqués sur plus de deux milliards de biens nationaux vendus, et non payés, ou mis en vente.

Un papier-monnaie est plus commode que l’argent, à quelques égards, moins commode à quelques autres. Il ne peut guère servir dans le commerce étranger ; en général, on le thésaurise moins. 11 reste donc employé tout entier dans la circulation intérieure la plus active. Ainsi, en supposant qu’il en excède les besoins, il doit en résulter une augmentation dans les prix des denrées, et l’échange contre l’argent doit être au-dessous du pair, jusqu’à ce que la circulation s’élève au niveau de la masse du papier. Pendant ce mouvement, cet excédant sert à développer l’industrie, qu’il maintient ensuite lorsque l’équilibre est rétabli.

Le défaut de confiance peut produire une baisse plus grande, et alors l’accroissement momentané d’industrie ne fait que diminuer le mal, mais ne peut le réparer, surtout quand des émissions souvent réitérées devancent continuellement ces effets de l’industrie, et empêchent d’en sentir les avantages. Il est évident, en effet, qu’il faut bien plus de temps pour employer une masse d’assignats à des spéculations utiles, que pour la répandre par des payements.

Mais la baisse, relativement à l’argent, doit être