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ce que les citoyens ont droit d’attendre

véritables conspirations, comme celle du camp de Jalès, comme celle qui vient d’éclater dans les départements de la Vendée, de la Mayenne, de la Loire ; la seconde, en fomentant toutes les causes de division ou d’anarchie, sans cherchera donner aucune direction aux mouvements qui peuvent en résulter. Cette seconde manière, qu’ils emploient avec succès, depuis 1789 au moins, est peut-être la plus dangereuse, parce que se bornant alors à flatter, à exaspérer les passions de tous les partis, à propager toutes les fausses opinions, leurs agents se confondent avec les citoyens égarés, avec les intrigants de toutes les classes.

Ils cherchent à diviser d’intérêt les riches et les pauvres, dont cependant l’intérêt commun est l’établissement de l’ordre et la prospérité publique. Ils excitent la défiance des uns et la haine des autres, parce qu’ils savent que c’est là l’écueil fatal contre lequel ont échoué les efforts des peuples qui ont vainement voulu reconquérir la liberté ou la conserver ; parce qu’ils savent qu’en Angleterre, c’est en calomniant les niveleurs, c’est en les accusant de vouloir attenter aux propriétés, qu’on parvint à rendre odieux ceux qui, connaissant la vraie liberté, savaient par quel moyen il fallait l’assurer à leur patrie ; ceux enfin qui voulaient sincèrement établir une constitution républicaine.

Ils calomnient les amis de la liberté, et s’acharnent avec plus de fureur contre ceux qui, capables de former des plans et de les suivre, pourraient, s’ils avaient la confiance du peuple, sauver l’É-