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de leurs représentants.

doivent agir de concert, puisqu’ils tendent au même but, l’établissement d’une république fondée sur les droits de l’homme, conservant aux citoyens l’égalité des droits politiques, au peuple la jouissance de sa souveraineté, à la nation une entière unité. Ces trois dernières conditions distinguent les républicains français des hommes des outres pays, qui sont ou qui croient être libres.

En Amérique, en Angleterre même, on peut dire que les individus jouissent de l’égalité des droits civils, mais celle des droits politiques n’y est pas établie. On convient en Angleterre du principe de la souveraineté du peuple, mais on ne lui a laissé aucun moyen régulier de jamais l’exercer.

Enfin, bien qu’un corps de républiques confédérées puisse être un État vraiment libre, cette forme ne peut convenir à la France ; elle en exposerait à la fois, et la sûreté, et la tranquillité intérieure.

Quels sont maintenant les moyens de faire marcher la nation française vers ce but unique, auquel tendent les citoyens les plus divisés par leurs opinions et leurs passions ?

I. Le premier de tous est de lui présenter une constitution républicaine, dans laquelle on lui réserve un mode régulier de la réformer ou de la changer.

Mais c’est d’une constitution en général qu’il s’agit ici, et non de tel ou tel plan en particulier ; c’est d’un système d’organisation, conforme à ce qu’on sait être le vœu général du peuple, remplissant les conditions qu’impose l’état actuel de la France, et non du système particulier de tels ou tels hommes.