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sur la nécessité d’établir en france

lois certaines ne garantissent à chacun le fruit qu’il peut recueillir des siens.

II. Sans une constitution, un peuple flotte nécessairement entre la tyrannie et l’anarchie : il reste dans l’anarchie, s’il n’accorde à personne la confiance qu’il ne peut donner à la loi ; il tombe dans la tyrannie, si, dans un moment de lassitude, il s’abandonne à quelques hommes.

III. Sans une constitution qui permette de rassembler toutes les forces, de les combiner, de les diriger vers un même but, un peuple ne peut résister à ses ennemis, sans être obligé de doubler les efforts qui auraient suffi pour sa défense.

IV. La paix intérieure ne peut renaître, tant que les citoyens n’auront pas, dans une constitution adoptée par eux, un point central autour duquel ils puissent se rallier. Les lois particulières ne seront point protégées par la volonté commune, tant qu’elles n’auront pas pour soutien l’autorité de cette loi générale et reconnue.

Le gouvernement n’aura point d’activité, tant qu’il restera privé d’un appui certain contre les résistances particulières ; il n’aura pas de force, tant qu’il n’existera pas une barrière qui, en prévenant les dangers de l’usurpation, écarte la défiance.

La grande majorité des citoyens français est pénétrée de ces vérités. Elle veut une constitution ; elle veut que cette constitution soit républicaine, fondée sur le principe de l’égalité naturelle, d’une entière unité, et de la souveraineté toujours subsistante du peuple.