Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/546

Cette page n’a pas encore été corrigée
534
sur la nécessité d’établir en france

membres du parlement effrayait encore le Protecteur ; il eut l’audace de faire refuser l’entrée de la chambre à cent d’entre eux, que son conseil n’avait trouvés ni assez zélés patriotes, ni assez bons serviteurs de Dieu.

La bassesse, la corruption ou la peur des autres, alla jusqu’à justifier cet attentat contraire aux droits essentiels du peuple, et même à l’acte qui avait établi le protectorat. Soixante seulement refusèrent de siéger dans ce corps avili.

On trouva bientôt un homme assez lâche pour demander le rétablissement de la royauté ; mais il eut encore la pudeur de laisser en blanc, dans sa pétition, le titre du chef unique qu’il fallait donner à la nation ; et le parlement ne rougit pas de remplir ce blanc par le mot King.

Cromwell, qui avait eu la faiblesse de désirer ce titre, n’eut pas l’imprudence de l’accepter. Il craignit le soulèvement d’une partie de l’armée, l’abandon de ses amis fatigués de ne travailler que pour lui seul. On lui fit sentir que ce serait le trône de Charles Stuart, et non le sien, qu’il aurait préparé.

Alors il se borna modestement au titre de Protecteur, et au droit de nommer son successeur ; ce qui était pour lui le droit de faire espérer la préférence à ceux dont il croyait avoir besoin.

Empêcher l’établissement d’une constitution républicaine, avilir la représentation nationale, tels furent les moyens de Cromwell ; et le récit de ces faits, qui présentent des rapprochements singuliers, est la préface la plus utile qu’on puisse mettre à des