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du plan de constitution.

être regardée comme volontaire par la facilité à s’y soustraire.

D’autres ont pensé, au confiante, que les droits politiques devaient appartenir à tous les individus, avec une entière égalité, et que si l’on pouvait légitimement en soumettre l’exercice à des conditions, c’était seulement à celles qui seraient nécessaires pour constater que tel homme appartient à telle nation, et non à telle autre ; et dans le cas où tous les citoyens ne peuvent voter dans un même lieu, pour déterminer à quelle assemblée chaque individu doit appartenir.

Jusqu’ici, tous les peuples libres ont suivi la première opinion ; la constitution de 1791 s’y était aussi conformée, mais la seconde nous a paru plus conforme à la raison, à la justice, et même à une politique vraiment éclairée. Nous n’avons pas cru qu’il fût légitime de sacrifier un droit naturel, avoué par la raison la plus simple, à des considérations dont la réalité est au moins incertaine. Nous avons senti qu’il fallait, ou se borner à des distinctions insignifiantes et sans objet réel, ou donner à ces exclusions une étendue à laquelle un peuple ami de l’égalité, généreux et juste, ne s’avilirait pas à consentir.

Nous n’avons pas cru qu’il fût possible, chez une nation éclairée sur ces droits, de proposer à la moitié des citoyens d’en abdiquer une partie, ni qu’il fût utile à la tranquillité publique de séparer un peuple activement occupé des intérêts politiques, en deux portions, dont l’une serait tout, et l’autre rien,