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exposition des principes et des motifs

état d’exercer des fonctions plus étendues. Ces communes deviennent alors des espèces de villes où seulement la population est plus dispersée ; il existe, entre elles et les villes d’une médiocre étendue, une sorte d’égalité de population et de richesses, et cet ordre de divisions est encore indiqué par la nature ; mais elle-même en a aussi déterminé les limites. Si la distance de l’habitation la plus éloignée du lieu ou les pouvoirs sociaux s’exercent, est trop grande pour qu’un individu, même faible, ne puisse s’y transporter commodément, y suivre une affaire, et retourner dans son domicile pendant la durée d’un jour, on excède les bornes naturelles de l’étendue d’un pouvoir dont ceux qui en dépendent éprouvent habituellement le besoin.

Mais si l’on se renferme dans ces mêmes limites, et qu’on se borne à ce second ordre de divisions, il en résulte une inégalité trop marquée de population, de richesses, d’importance, et, par conséquent, d’influence politique entre ces communes et les grandes villes.

Une correspondance immédiate entre ces communes et le conseil national deviendrait trop compliquée, ou même presque impraticable : elle serait exposée à une confusion dangereuse. Il faudrait, ou donner une grande étendue aux autorités établies dans ces communes, ce qui multiplierait le nombre des agents, et ne permettrait pas d’en trouver d’assez instruits, ou conserver au conseil exécutif et à ses bureaux une action immédiate sur un trop grand nombre d’objets ; action qui ne serait sans