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exposition des principes et des motifs

d’une discussion plus paisible, puisque, dans les bureaux séparés, où il ne se prend point de décision, où même on ne délibère point, elle ne peut être troublée par des propositions incidentes, par des motions d’ordre, par ces interruptions que la nécessité de pourvoira des objets pressants amène si fréquemment dans une assemblée chargée de grands intérêts et de détails multipliés.

On dira peut-être que, dans le cas où le mouvement de l’assemblée peut faire craindre trop de précipitation, on ne discutera point dans les bureaux ; mais cela suppose que la majorité, dans chacun d’eux, désire, et désire fortement une prompte décision ; et c’est une raison de croire qu’alors elle serait exigée par l’intérêt public.

Dans le troisième moyen, on exige les deux tiers des voix dans un scrutin nominal, pour prononcer l’urgence et dispenser des intervalles exigés par la loi.

Ce moyen est le plus simple de tous : on lui reprochera de substituer à la majorité simple celle des deux tiers. Mais les objections qui ont été faites contre l’usage des divers degrés de majorité, ne peuvent avoir de force que contre ceux qui proposeraient d’appliquer ce moyen à des cas où il est nécessaire d’agir, où l’on ne peut agir que d’après une décision nouvelle, et où il n’existe point de motif de préférence pour une des décisions opposées. Les lois de tous les peuples civilisés exigent plus que la simple majorité pour condamner un accusé, parce que le mal résultant de l’erreur commise en con-