Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
exposition des principes et des motifs

obtiendrait le résultat du vœu général de la majorité, en comptant les voix, pour ou contre, dans l’une ou l’autre section. On a proposé encore d’accorder à un corps séparé le droit d’examiner les décisions de l’assemblée des représentants, et d’exposer les motifs de son refus d’adhésion dans un temps déterminé, après lequel, sur une nouvelle discussion, l’assemblée donnerait une décision définitive.

Ces moyens n’ont rien de contraire à la liberté, ni même à l’unité entière du pouvoir. Chacun d’eux présente des avantages et des inconvénients. Mais ni l’un ni l’autre n’ont paru convenir à la nation française. En effet, ces sections permanentes, ce corps d’examinateurs de lois, partageraient nécessairement les esprits, deviendraient des points de ralliement, des objets d’inquiétude pour les uns, d’enthousiasme pour les autres. Le passage rapide du despotisme à la liberté, le passage non moins rapide d’une royauté, appelée constitutionnelle, à la république, l’agitation causée par ces révolutions successives, l’esprit de défiance, suite nécessaire des erreurs et des fautes où tant d’hommes ont été entraînés, tout rend ces moyens impraticables pour nous ; car des dissentiments et des combats d’opinions entre des corps investis de l’autorité publique, ne peuvent se concilier avec la tranquillité des citoyens, si on ne suppose dans le peuple assez de calme et de confiance pour consentir à n’en être que le paisible spectateur et à ne les juger qu’avec sa raison.

Il a donc fallu chercher des moyens de forme,