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sur la révolution de 1688, etc.

veulent établir que celle maison possède la couronne par le seul droit d’hérédité ; qu’elle ne l’a point reçue du peuple ; que tous les droits, toutes les prétentions des anciens rois d’Angleterre à une puissance arbitraire, lui ont été transmis ; et qu’ils veulent favoriser ces opinions du droit divin des rois, de l’obéissance passive, de l’autorité de dispenser des lois, etc. ; en un mot, toutes ces maximes destructives de la liberté, professées autrefois par les Stuarts, et mises en pratique par les Tudors.

C’est aussi d’après la même opinion d’un contrat originaire, que les Provinces-Unies, que les Cantons suisses, ont secoué le joug de leurs anciens seigneurs, qui étaient des chefs héréditaires et suprêmes du pouvoir exécutif ; c’est également la violation des chartes souscrites par ces seigneurs qui a été le motif de leur destitution, et, ni les Hollandais, ni les Suisses, ne peuvent refuser de reconnaître la légalité, la justice de la conduite du peuple français, sans avouer qu’ils veulent se soumettre aux héritiers delà maison d’Autriche.

Les hommes qui, comme les Fiançais, aiment la véritable liberté, qui savent qu’elle n’existe point sans une entière égalité, qui reconnaissent la souveraineté du peuple, ne sont donc pas les seuls qui doivent approuver la révolution du lo août. Elle doit l’être également, ainsi que la révolution d’Angleterre, par tous ceux qui ne reconnaissent pas, dans les rois, dans les princes, un pouvoir indépendant du peuple, et dont leurs usurpations ou leurs crimes ne peuvent les priver ; c’est-à-dire, par tous ceux