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sur la révolution de 1688, etc.

geait l’intérêt du moment, qu’aux principes de droit public qui auraient pu servir à les résoudre.

La pluralité était attachée à conserver l’ordre de succession établi ; mais cet ordre appelait le fils de Jacques II, alors au berceau et transporté en France, où il devait être élevé dans la religion papiste, et dans les maximes du despotisme. On avait répandu dans le peuple, que c’était un enfant supposé ; mais les deux chambres de la Convention sentaient combien il serait et dangereux, et peu digne d’elles, de fonder le nouveau gouvernement sur le jugement d’un procès où, par la nature même des faits, les preuves seraient nécessairement incertaines, et les détails ridicules.

On imagina d’exclure du trône les princes papistes, et il faut avouer que l’application de cette loi à un enfant de six à huit mois avait déjà quelque chose d’irrégulier. Mais ce n’était pas tout : Marie, femme du prince d’Orange, devait remplacer son frère, suivant l’ordre de la succession, et le prince d’Orange ne voulait pas régner sous le nom de sa femme, et ne consentait, ni à tenir d’elle son pouvoir, ni à s’exposer à descendre du trône si elle venait à mourir avant lui. On avait besoin de son armée, de ses talents personnels, de son influence politique, pour défendre la liberté contre les nombreux partisans de Jacques, pour soumettre l’Irlande, où le parti du roi détrôné était dominant. Il fallut donc violer l’ordre de la succession, déclarer Guillaume roi, et lui attribuer l’autorité à lui seul, pour ne reprendre cet ordre qu’après sa mort.