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réflexions

déterminé par les mêmes motifs, avait aussi conservé Louis XVI, malgré les dangers auxquels le regret de son ancien pouvoir devait exposer la liberté.

Jacques II employait, pour anéantir les droits du peuple anglais, la perversité des juges et la servile complaisance des autorités partielles. Il avait deux conseils : l’un public, qui servait avec réserve ses projets d’usurpation ; l’autre secret, qui le forçait de précipiter, avec imprudence, l’établissement du papisme et de la tyrannie.

Louis XVI avait aussi deux conseils : l’un modéré, qui voulait détruire la liberté par la constitution ; l’autre, plus ardent, préparait les moyens de livrer le peuple aux émigrés, et la France aux armées étrangères.

Louis XVI avait aussi cherché, dans les tribunaux, dans les directoires de département, des alliés utiles.

Jacques II avait protégé le parlement après l’avoir trompé par de fausses promesses. Louis XVI, qui n’avait pas ce droit dangereux, remplissait le même but, en avilissant le corps législatif, en empêchant qu’il ne s’y formât une majorité constante.

Jacques II s’était donné une flotte et une armée dont il se croyait le maître. Louis XVI avait formé en secret une troupe de satellites, vendus à sa cause, et croyait s’être assuré un parti puissant dans la garde nationale et dans l’armée.

Jacques était secrètement uni à Louis XIV, regardé par la nation anglaise comme son ennemi le