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sur les finances.

nations qui ne sont point avilies par l’esclavage, le succès de la levée des impositions a toujours été gradué sur le plus ou le moins d’énergie du patriotisme, et que, chez un peuple libre, la plus grande force des lois est dans la volonté même de ceux qui doivent y obéir ? Que votre opinion sur la nécessité de payer promptement les contributions, devienne celle des citoyens les plus occupés des intérêts publics ; que nos inquiétudes pour le salut de la patrie se communiquent à eux, et bientôt leur zèle les aura dissipées.

La fixation des dépenses doit être comptée à la fois, et parmi les moyens d’assurer le payement de l’impôt, et parmi ceux de relever le crédit. Dans une constitution libre, les deux secrets les plus sûrs pour faire payer les contributions, sont de prouver aux individus que les taxes sont réparties avec une exacte et impartiale égalité ; au peuple, que le produit de ces taxes est employé d’une manière utile pour lui. Aucune loi coactive n’aura jamais, sur des hommes libres, l’effet de cette persuasion.

Que le travail sur la dépense publique annonce donc un esprit, non de parcimonie, mais d’économie éclairée, de celle qui tend à faire le mieux possible avec le moins de frais, qui ne cherche pas à diminuer la dépense, mais à comparer, pour chaque partie, pour chaque degré de cette dépense, l’avantage que les citoyens en retirent, et la perte que cette même dépense leur fait éprouver. Car, dans celle dont l’objet est le plus nécessaire, il y a un point où elle cesse d’équivaloir au tort qu’elle produit. Plus elle augmente, plus ce