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discours

Utiles pour diminuer le besoin que les particuliers ont d’argent monnayé, ne serviraient que faiblement le trésor public.

Avant d’examiner ceux que l’on peut proposer, il faut d’abord réduire à sa juste valeur la répugnance très-raisonnable en elle-même pour toute opération par laquelle la puissance publique reconnaîtrait une différence entre l’assignat et l’argent.

Quand la loi a dit que l’assignat de 300 liv. équivalait à 50 écus de six liv., elle a entendu seulement ce qu’elle entendait lorsqu’elle a dit, qu’un louis valait quatre de ces écus ; c’est-à-dire que, dans toutes les conventions, ils pouvaient être donnés et devaient être reçus indifféremment. Mais elle n’a pas entendu que l’assignat de 300 liv. et les 50 écus, le louis et les quatre écus, étaient tellement une seule et même chose que personne ne pût préférer l’un à l’autre.

Cette préférence peut même exister alternativement en faveur de l’une et de l’autre des deux valeurs égales.

Ainsi, par exemple, si le papier était très-rare, on pourrait le préférer à l’argent. On préfère le louis aux quatre écus si on doit voyager, et les quatre écus au louis, si on a des payements de détail à faire. Si les motifs de cette préférence sont assez forts, et s’ils agissent dans un même sens sur un grand nombre d’individus, on finit par payer le prix de l’échange ; mais cela ne nuit pas à l’égalité légale des valeurs. Une guinée n’en a pas moins un rapport constant avec le louis de France, quoique, sui-