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longues maladies l’ont épuisée, elle tombe dans un état d’angoisse et de détresse, où il ne lui reste, contre une destruction lente et cruelle, que des ressources humiliantes ou criminelles.

Vous dites que pour soulager le peuple, le gouvernement n’a presque d’autre moyen que d’ordonner de ne vendre le blé qu’au marché, lorsqu’il passera un certain prix ; de défendre aux marchands d’en acheter, à moins qu’ils ne promettent de ne pas le revendre dans le pays ; de forcer les boulangers à avoir chez eux des provisions ; de fournir des fonds à des marchands de blé privilégiés ; de ne laisser sortir que des farines, et seulement lorsque le blé sera à bon marché ; enfin, de n’ordonner tout cela que pour dix ans. "

Hélas ! Monsieur, j’avais espéré, depuis quelque temps, que la destruction des corvées, la suppression des gabelles, et celle de la taille arbitraire, offriraient bientôt au peuple des ressources assurées contre les accidents qui l’exposent à la misère.

Je voyais, dans la suppression de la taille arbitraire, une diminution d’impôt pour le pauvre, la liberté rendue à l’industrie, que tenait captive la crainte d’une augmentation de taille.

Dans la suppression des gabelles, je voyais l’exemption d’un droit énorme, levé sur une denrée de consommation journalière, droit dont le peuple fait tous les jours les avances : j’y voyais la facilité d’avoir plus de bestiaux, et des bestiaux plus sains ; d’augmenter par là les ressources du peuple et la masse de ses subsistances.