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D’ailleurs, ces conditions ont, dans ces États, moins d’inconvénients qu’elles n’en auraient parmi nous. Il n’y existe point de ces assemblées intermédiaires d’administration, si utiles pour la liberté et pour le maintien de la paix, et qui sont le meilleur garant d’une constitution libre. Ainsi l’inégalité que ces conditions pécuniaires établissent entre les citoyens ne peut être sensible, en Angleterre ou en Amérique, que dans les courts instants destinés aux élections. Parmi nous, au contraire, tous les corps municipaux, toutes les assemblées de district, de département, seraient divisés en deux classes, l’une des éligibles, l’autre des non-éligibles pour l’assemblée nationale ; et cette distinction les partagerait bientôt en partis, y détruirait cette égalité précieuse, cette base si noble de notre heureuse constitution. D’un autre côté, en Angleterre, comme dans les États-Unis, les électeurs n’ont aucun moyen de diriger leurs choix d’après la conduite publique des candidats. Nos assemblées intermédiaires seront à la fois pour les nôtres, une épreuve et une école. Ainsi l’existence de ces assemblées rend les conditions pécuniaires et moins utiles et plus dangereuses.

Nous osons croire que la condition exigée pour les assemblées administratives et municipales n’est pas plus nécessaire : les mêmes raisons en prouvent l’inutilité. La séparation établie par vos décrets entre les assemblées d’élection et les autres assemblées formées des mêmes individus, détruit presque tous les inconvénients des élections immédiates ; et nous pourrions encore prouver combien peu on a besoin