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à l’assemblée nationale, etc.

D’ailleurs, dans chaque paroisse, à chaque confection des rôles, ceux qui en seraient chargés pourraient arbitrairement exclure ou admettre un certain nombre de citoyens ; souvent les bases trop incertaines de l’impôt empêcheraient de réprimer ces manœuvres, et presque jamais il ne serait possible de les réprimer à temps.

C’est contre la condition d’éligibilité, qui exclut des places municipales ou des assemblées de département, ceux qui ne payent pas une contribution de dix journées de travail, et de l’assemblée nationale, ceux qui n’en payent pas une d’un marc d’argent, et ne jouissent pas d’une propriété, que nous croyons surtout devoir vous offrir des réflexions dictées par le sentiment de l’égalité, par le respect pour la qualité d’homme ; et nous vous conjurons de daigner les examiner avec d’autant plus de confiance, que notre vœu est, dans la France entière, celui de la pluralité des citoyens, et surtout le vœu de ceux que la fortune a le moins favorisés, et que vous avez si noblement cherché à consoler de ses rigueurs.

Non-seulement ce décret prive une partie des citoyens du droit égal que tous ont aux places ; non-seulement il attaque à la fois deux articles de votre déclaration, de ce boulevard sacré de la liberté que vous avez les premiers élevé en Europe ; mais il porte atteinte au droit qu’a chaque citoyen d’être libre dans sa confiance, de choisir, pour défendre les intérêts publics, celui qu’il croit réunir plus de zèle, de probité, de courage et de lumières. De telles restrictions peuvent-elles être justes, si elles ne sont pas néces-