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sur la liberté, etc.

sur l’opinion des hommes les plus éclairés, sur une expérience constante. Si elle ne fait pas de lois répressives, c’est qu’elle sait combien ces lois seraient injustes et funestes ; si elle ne cède pas aux désirs des citoyens, à leurs inquiétudes, c’est que, plus à portée de connaître l’ensemble des détails, le système général des faits, elle sait qu’en cédant à ces désirs, elle ne ferait que redoubler leurs terreurs, tromper leurs espérances, nuire à d’autres portions de l’empire, sans utilité pour celle qui se plaint, et causer un mal général, sans même pouvoir se flatter de produire un bien particulier. Ainsi, la justice, la loi, l’intérêt général, celui de chaque individu, tout fait aux citoyens un devoir de respecter la libre circulation des subsistances ; et pourraient-ils oublier que ce devoir leur est imposé par ce serment célèbre, prêté au nom de la France entière, dans le champ de la fédération, et qu’il est une des conditions de ce pacte éternel sur lequel reposent l’union et la force de l’empire français ?