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ce que c’est qu’un cultivateur

ou un bien rapportant 150 livres de rente au plus, ou un logement de 200 livres, et, dans les campagnes, qu’il possède un revenu d’environ 100 livres, ou qu’il soit fermier d’un bien de 240 livres, richesse à laquelle un père de famille laborieux peut atteindre en peu d’années.

Un étranger qui arrive en France avec une industrie quelconque, mais sans aucun bien, peut se placer chez un maître ; et après y avoir travaillé cinq ans, s’il a pu amasser de quoi acheter une propriété, quelque petite qu’elle soit, ou former un établissement d’industrie, ou, enfin, s’il a épousé une Française, il acquiert tous les droits de citoyen français ; dès lors il n’a plus que des égaux, il ne doit précisément à aucun homme, que ce que cet autre homme lui doit à lui-même.

Le citoyen non actif, l’étranger qui n’est pas encore citoyen, jouissent des mêmes droits que le citoyen actif, excepté de celui de pouvoir remplir une fonction publique, et de donner sa voix dans les élections.

Il n’existe aucune différence entre eux, ni pour l’impôt, ni dans les tribunaux, ni quant aux lois de police.

Un impôt proportionné au loyer auquel tous les citoyens sont assujettis ; un autre impôt, aussi proportionné au loyer, payé par ceux qui veulent exercer un métier, sont les seules charges imposées à celui qui n’est pas propriétaire. Ainsi, l’homme qui n'a qu’un loyer modique ne paye presque rien : sa terre, s’il vient à en posséder une, paye un autre