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aux amis

considérations générales ; elle l’est sur d’autres principes qu’il peut être utile de développer.

Si on est obligé de soumettre un peuple libre au payement d’une taxe indirecte, il faut ou que le payement de cette taxe soit prescrit par le respect pour la loi comme un devoir d’honneur et de conscience, ou attenter à la liberté, aux droits des citoyens, par des visites, par des formalités oppressives, par des peines toujours odieuses, quand elles tombent sur des actions qui ne sont des crimes que par la volonté de la loi.

Il faut que celui qui se soustrait à ces impôts soit regardé, même par le citoyen pauvre, comme un ennemi de l’intérêt public, et non comme un défenseur de la liberté naturelle. Il est nécessaire, sans doute, que la législation de l’impôt soit douce et juste pour qu’elle puisse obtenir ce respect ; mais aussi ce respect est nécessaire pour que la législation de l’impôt puisse être douce et juste. Les lois de ce genre ne peuvent être bonnes, si les dispositions des citoyens ne viennent à leur secours. Elles sont au nombre de ces combinaisons politiques qui réussissent moins par le talent de ceux qui les font que par la volonté de ceux qui doivent s’y soumettre, et dans lesquelles on ne peut faire aux hommes que le bien qu’ils consentent à recevoir.

Ce sentiment de respect pour la loi a d’autres avantages ; il est du nombre très-petit de ceux dont l’hypocrisie même est utile. On ne peut en abuser ni pour séduire les hommes peu éclairés, ni pour égarer les enthousiastes. Rien n’est plus facile que d’af-