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sur le préjugé, etc.

amener, et ces biens sont d’autant plus grands, ces progrès d’autant plus rapides que la communication a lieu entre plus de nations et sur un plus grand espace. Une paix constante est donc l’intérêt commun de la pluralité des citoyens de toutes les nations, et l’on sait que la guerre la plus heureuse, utile à un petit nombre d’individus, est nécessairement un malheur pour le reste. Le véritable intérêt commercial est que chacun puisse se procurer avec plus de facilité, et au prix d’un moindre travail, une plus grande somme de jouissances, et que ces jouissances soient également réparties ; il n’existe donc qu’un véritable intérêt commercial, le même pour toutes les nations ; c’est le rétablissement de la liberté la plus entière. Une grande partie des négociants riches d’un pays peut trouver du profit à détruire le commerce d’un autre pays ; mais le reste des citoyens a un intérêt précisément contraire, et ces prétendus défenseurs du commerce national en sont les véritables ennemis ; car la liberté n’est pas seulement utile à ceux qui consomment, elle l’est à la pluralité des marchands eux-mêmes, puisqu’elle tend nécessairement à répandre entre eux les profits avec plus d’égalité. D’ailleurs, ceux qui sollicitent des lois exclusives pour le commerce qu’ils font, sont intéressés, en qualité de consommateurs, à la liberté de tous les autres genres de commerce, et ces intérêts se compensent ; car on ne peut prétendre sans doute que des prohibitions qui s’étendraient à tout fussent préférables à une liberté générale. L’intérêt de la pluralité des capitalistes, comme de la pluralité des pro-