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SUR LE PRÉJUGÉ
QUI SUPPOSE UNE
CONTRARIÉTÉ D’INTÉRÊTS
ENTRE
PARIS ET LES PROVINCES.

On a proposé à l’assemblée nationale de se transporter à trente lieues de Paris, et on en donnait pour raison le défaut de liberté causé par l’opposition d’intérêts entre la capitale et les provinces.

Le zèle des habitants de Paris pour la liberté, leur attachement inébranlable pour la constitution, leur respectueuse soumission aux décrets les plus opposés à leurs désirs, méritaient peut-être qu’on leur épargnât des expressions qui renferment une défiance si injurieuse.

Mais laissons ce qui tient à des circonstances passagères, et bornons-nous à chercher s’il est vrai que Paris ait d’autres intérêts que les provinces. Pour bien résoudre cette question, il faut examiner d’abord si l’intérêt d’une capitale est, par la nature des choses, opposé à celui du reste de l’empire ; autrement il y aurait des remèdes à une opposition d’intérêts purement accidentels, et il faudrait les cher-