Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LXXXI
DE CONDORCET.


l’exemple, provoqua d’amers reproches : on la traita comme un sacrilège. Aujourd’hui, le public serait plus indulgent ; aujourd’hui, les admirations passionnées sont bien passées de mode, et, si je ne me trompe, il y aurait plutôt à redouter l’excès contraire ; aujourd’hui, on ne se demande plus, toutes réserves faites quant à la forme, si telle ou telle critique d’un auteur célèbre est irrévérence, mais si elle est juste. Examinées de ce point de vue, les remarques de Condorcet peuvent être approuvées presque sans restrictions.

Lorsque l’auteur des Pensées, poussant la misanthropie jusqu’à ses dernières limites, « met en fait que si tous les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait « pas quatre amis dans le monde, » j’aime à voir le commentateur protester contre cette décision antisociale, et blâmer Pascal de donner une si mauvaise idée de ses amis.

Quand l’illustre écrivain recommande « aux sages de parler comme le peuple, en conservant cependant une pensée de derrière, » Condorcet, ce me semble, accomplit un devoir en rangeant la pensée de derrière parmi celles dont