danger la liberté de notre confrère. J’étais très-disposé
à la blâmer. J’y mettais pour unique
condition que Condorcet ne se trouvait pas en
état de légitime défense ; que Necker et ses
adhérents n’avaient dirigé contre lui et contre
Turgot aucune parole blessante : or, tel n’était
pas, à beaucoup près, l’état des choses.
Buffon écrivait au célèbre banquier : « Je n’avais rien compris à ce jargon d’hôpital de ces demandeurs d’aumônes, que nous appelons économistes. »
Necker accusait les mêmes écrivains « de chercher à tromper les autres, et de s’en imposer à eux-mêmes. » Il les peignait comme des imbéciles, et s’oubliait même au point de les comparer à des bêtes féroces. Sa brochure contre la libre circulation des grains avait d’ailleurs été publiée, d’une manière fort inopportune, entre les émeutes sanglantes de Dijon et de Paris.
C’est au lecteur à décider si celui-là avait bien le droit de se plaindre, qui, après s’être servi d’une dague, n’avait reçu de son adversaire qu’une piqûre d’épingle.