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LXXVII
DE CONDORCET.


cette circonstance, les bornes d’une critique légitime. Je ne suppose pas qu’on ait voulu lui contester la faculté, dont il usa suivant sa conscience, de présenter l’écrit de Necker comme une simple traduction, en langage grave, pompeux, des célèbres dialogues de l’abbé Galiani. Je crois que Condorcet était aussi dans son droit en rappelant, à cette occasion, « une statue grecque élégante et svelte, qu’un empereur romain fit dorer, et qui perdit toutes ses grâces. » Ceci écarté, en parcourant l’ouvrage de l’ancien secrétaire de l’Académie, je n’y trouve plus qu’une note qui ait pu exciter l’irritabilité des plus chauds partisans de Necker. Cette note fait mention d’un grand seigneur, désigné seulement par des initiales, qui avait fait une mauvaise traduction de Tibulle. Ses amis, inquiets, voyaient d’avance les critiques troubler son bonheur, et cherchaient à le consoler. « Ne craignez rien pour ma réputation d’auteur, leur dit-il, je viens de prendre un meilleur cuisinier. »

La voilà donc connue la terrible épigramme qui troubla la cour et la ville ; qui porta la discorde au sein de deux Académies, qui mit en