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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


commune de Paris, lutte facile à éviter en s’adressant aux sections qui ne partageaient point l’esprit violent et désorganisateur de cette commune ; en se servant delà commune elle-même, qui gémissait sous la tyrannie de quelques vils agitateurs.

Mais ces malheurs pouvaient répandre des soupçons odieux sur les principes des députés qui, zélés défenseurs des droits du peuple, avaient hautement approuvé la révolution nouvelle, et dont la résistance au parti de la cour en avait montré la nécessité et facilité les moyens. Heureusement pendant les massacres du 2 septembre on excitait contre ces mêmes députés la fureur du peuple ; on rédigeait contre eux, au nom de la commune, des mandats d’arrêt qu’on n’eut pas l’audace de signer. Le chef des calomniateurs et des assassins, l’infâme et insensé Marat, les dénonçait comme voulant relever le trône, aujourd’hui pour y placer Brunswick, demain pour y remettre Louis XVI. Une autre fois, il les accusait d’avoir fait déclarer la guerre pour donner le commandement à La Fayette, dont il savait cependant que ce général était dès lois l’ennemi déclaré.

J’étais un des premiers objets de la haine de cette cabale, qui est parvenue par la terreur à faire siéger quelques hommes vils et sanguinaires dans la Convention nationale, mais qui ne parviendront pas à la gouverner ; qui, surtout, ne parviendront pas à remplir leur premier objet : celui de s’enrichir en vendant des décrets, soit à des intrigants, soit à des tyrans étrangers.