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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


cipe de n’agir qu’avec le peuple, et par lui, en le dirigeant, est le seul qui, dans un temps de révolution populaire, puisse sauver les lois ; et tous les partis qui se sépareront du peuple finiront par se perdre, et peut-être par le perdre avec eux. D’ailleurs Danton a cette qualité si précieuse que n’ont jamais les hommes ordinaires : il ne hait ou ne craint ni les lumières, ni les talents, ni la vertu.

Jl était nécessaire d’exposer au peuple français, comme aux nations étrangères, les motifs de la conduite de l’Assemblée nationale dans la journée du 10 août. L’exposition[1] qu’elle a publiée, l’adresse [2]qu’elle a faite quelques jours après, pour ajouter une nouvelle preuve à ces motifs, d’après les faits nouvellement découverts, ont été mon ouvrage, et j’y ai dit la vérité sans flatterie pour le peuple, sans ménagement, mais sans colère contre les traîtres et les tyrans.

Les massacres du 2 septembre, cet ouvrage de la férocité comme de la folie de quelques hommes, ont souillé cette révolution. Ils n’ont pas été l’ouvrage du peuple qui, ne se croyant ni la force, ni l’intérêt de les empêcher, en a détourné les yeux. C’est celui d’un petit nombre de factieux, qui ont eu l’art de paralyser la force publique et de tromper les citoyens et l’Assemblée nationale, dont les efforts ont été faibles et mal dirigés, parce qu’elle ignorait le véritable état des choses.

De là cette lutte entre l’Assemblée nationale et la

  1. Tome X, page 545.
  2. Tome X, page 565.