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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


à la séance de l’Assemblée, parce que, d’après la forme, les motifs réels et l’atroce sévérité de leur jugement, on pouvait, et par conséquent on devait regarder comme des hommes seulement séduits ceux qui n’avaient pas été condamnés à mort.

J’ai été d’avis de l’amnistie d’Avignon, parce que je croyais que les hommes qui avaient contribué à la mort de Lécuyer, et ceux qui l’avaient vengé avec tant de barbarie, devaient être traités de même ; parce que je regardais d’ailleurs les horreurs d’Avignon comme la suite de cette répugnance du ministère français à détruire le foyer de la contre-révolution qui se tramait dans les départements méridionaux.

Quant aux événements du 20 juin, accoutumé à regarder les rois comme des hommes, ne pouvant douter de la justice des soupçons et des mécontentements du peuple, certain des préparatifs qu’on avait faits contre cette troupe de citoyens mal armés et mêlés de femmes et d’enfants, il m’était impossible de voir dans cet événement autre chose que les effets naturels d’un rassemblement nombreux, formé d’hommes la plupart sans instruction, de mœurs grossières, habitués à des mouvements brusques, à des cris, à un langage énergique, mais où les expressions injurieuses et proscrites du langage épuré sont prodiguées même sans qu’on y attache leur sens réel.

La persécution contre le maire de Paris, qui avait épargné le sang des citoyens et prévenu, concurremment avec les membres de l’Assemblée, des désordres qui auraient pu se commettre au château ; les calomnies répandues avec affectation dans la