voyaient pas que cette trahison ne frappait alors les
regards que d’une très-faible portion des citoyens ;
qu’en agissant d’après des soupçons qui ne pouvaient
encore être appuyés sur des faits constants, on risquerait de perdre la cause de la liberté ; que l’Assemblée était bien loin d’avoir la conduite ferme, soutenue, qui aurait été nécessaire pour arrêter ou
mettre au grand jour les complots de la cour.
S’il y avait eu dans l’Assemblée une majorité constante en faveur des moyens d’assurer la liberté, de contenir les intrigants appelés constitutionnels, de mettre la France à l’abri des troubles domestiques et des attaques étrangères, alors sans doute il n’eût pas fallu déclarer la guerre.
D’ailleurs, on avait eu l’adresse d’engager le roi à la proposer comme cédant au vœu de son conseil. Refuser alors aurait été, dans la situation des esprits, détruire toute possibilité de préparatifs, comme tout moyen de prouver que le roi était secrètement d’accord avec les ennemis. En un mot, quoique l’Assemblée n’eût fait que demander des réponses positives à l’empereur Léopold et à son fils, on l’avait amenée au point de ne pouvoir voter pour la guerre sans être accusée de précipitation, de ne pouvoir la refuser sans compromettre la sûreté de l’État, tandis que le roi pouvait, suivant le succès, donner la déclaration de guerre comme une preuve de sa bonne foi, ou soutenir qu’il y avait été forcé par ses ministres.
La lettre que le roi avait écrite en nommant un nouveau ministère, annonçait qu’il l’avait choisi