M. Couthon était conforme à l’esprit de la constitution,
à la dignité des représentants d’un peuple libre.
Si le ministère eût voulu réellement maintenir la
constitution, si même il avait eu la plus faible idée
d’un gouvernement populaire, le décret le servait
mieux que la politique la plus adroite. En effet, le
roi, en l’approuvant, aurait donné une sorte de gage
de son adhésion aux principes de la liberté et d’une
constitution représentative. On employa, au contraire,
le mensonge et l’intrigue pour faire rapporter
le décret dès le lendemain. Il en résultait deux conséquences évidentes : l’une, que l’Assemblée n’avait
pas une majorité formée en faveur de la liberté ; l’autre, que le roi cherchait à l’influencer par la corruption et l’imposture.
On s’occupa ensuite des mesures à prendre contre les émigrés ; j’en proposai qui étaient compatibles avec la justice, et qui tendaient à convertir en simples voyageurs ceux qui n’avaient pas encore pris la résolution formelle de combattre leur patrie. Ce projet fut rejeté avec humeur après avoir été applaudi, et j’appris par là qu’il se formait dans l’Assemblée un parti populaire plus passionné qu’éclairé, qui servirait la liberté contre le roi, mais qui nuirait par son zèle au succès des moyens propres à la sauver.
On fit contre les émigrés un décret sévère et surtout mal combiné. Le roi refusa la sanction, et en donna les motifs par une proclamation injurieuse à l’Assemblée. Un décret relatif aux troubles religieux eut le même sort, et le refus de sanction fut provoqué par une adresse du directoire de Paris. Les dé-