Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/778

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
576
FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


ne fût nécessaire, me paraissait aussi utile qu’elle était en quelque sorte nouvelle, du moins pour le très-grand nombre.

Ce sont principalement ces vérités que j’ai cherché à répandre par un assez grand nombre d’ouvrages.

L’Assemblée constituante se hâta d’établir une royauté héréditaire, un roi inviolable et même sacré, un veto royal, et elle fit dépendre le droit de cité et les autres droits politiques de la quotité des impositions.

J’étais représentant de la commune de Paris, lorsque cette dernière loi fut décrétée, et l’adresse présentée au nom de cette commune, pour demander la réforme de cette loi, est mon ouvrage [1]. J’en montrais jusqu’à l’évidence les dangers et surtout l’absurdité. A l’époque de la révision, on détruisit seulement la loi du marc d’argent, que des caricatures avaient rendue ridicule ; mais on augmenta la taxe nécessaire pour être électeur. Je combattis cette disposition nouvelle ; je montrai que l’homme qui avait sur un territoire une habitation, soit en propriété, soit en location, dont il ne peut être arbitrairement renvoyé, devait y jouir du droit de cité. Ce principe ou l’équivalent a été consacré par la loi du 10 août 1791.

L’opinion générale ne permettait guère de s’élever avec utilité contre les diverses prérogatives royales, qui souillaient la pureté des principes constitution-

  1. Tome X, p. 77.